Belle Ivresse

Rue des Ecoles, dans le bar
En salle, en terrasse, au comptoir
J’observe les gens en train de boire

 

Le monsieur du fond pour oublier tous ses revers
A commandé le whisky le moins cher
Il a la beauté triste des gens qui ont beaucoup souffert
Boit et se ressert…

 

A côté un petit couple est au rosé
Car un jeune amour faut l’arroser
Ils se regardent comme jamais

L’amour ça se boit frais

 

Dans le coin y a deux copains
Qui parlent foot et formule 1
Qui parlent fort et se marrent bien
Et partagent un verre de Lagavulin

 

La fashion victim avec tous ses sacs
Est évidemment en terrasse
Elle croise ses jambes montées sur échasses
Et prend une coupe car c’est la classe

 

Devant l’entrée, un vieux pépé
Concentré, fait ses mots croisés
Et boit par petites gorgées
L’eau de vie qu’il a commandée

 

Au comptoir proche de la détresse
Et au barman qui compte sa caisse
Un homme boit sa vodka et fait confesse
Ah c’est pour ça le vin à la messe !

 

A la table 6, les ptits jeunes rigolent
« Eh patron ce soir on se la colle
C’est samedi fais péter l’alcool,
Demain y a pas école »

 

Au centre, sur de la house
Tenant leur petite mousse
Deux filles se trémoussent et gloussent
Tout le monde regarde la jolie rousse…

 

Celui qui appelle le gérant « Gégé »
C’est Fernand, l’habitué
Il offre sa tournée aux gens du quartier
Et termine ses phrases par « si vous saviez… »

 

A ma table, ou plutôt à la nôtre
On enchaîne mojitos et shots
On parle de voyages, de capotes
Et on observe les autres

 

Belle ivresse, douce caresse
Souvenirs fous et souvenirs flous
Cette nuit s’annonce pleine de promesses
Alors on trinque : « à nous » !

 

Car ivres de joie et ivres de nous-mêmes
C’est demain que ça va être un problème
Et on en sera presque désolés d’avoir dessoûlés…
Allez, SANTÉ !!!

©Clionne / Chloé Subra de Bieusses